LIEUX REMARQUABLES

LE CHATEAU DE JARNIOUX (site classé aux Monuments historiques)


Le Bourg de Jarnioux est dominé par le groupe de bâtiments du Château, probablement l’un des plus beaux du Beaujolais. Il possède six tours dont certaines couvertes de tuiles vernissées. Son intérêt vient aussi du fait que son architecture caractéristique est demeurée inchangée depuis le XVIIIe siècle.

Dominant le village, il est reconnaissable de loin avec ses six tours des XIVe et XVIIe siècles. Les bâtiments du château qui subsistent, datent de ces diverses époques, notamment un très élégant bâtiment Renaissance attribué à Philibert de l’Orme, des logements du XVIIe siècle, construits par la famille Henry, et décorés à leurs armes, le bâtiment central ayant été construit au XVIIIe siècle.

Les origines de cette vaste demeure, construite à flanc de colline, semblent remonter au XIIIe siècle. Entre cette date et le milieu du XVIe sicèle, il est resté en indivision entre les familles de Gleteins, Rabutin, Juys, Boulieu et Chandieu.

En 1560, le château est réuni en une seule main à la suite de son rachat par la famille Henry.  Les Henry, importante famille lyonnaise (ils tinrent quatorze fois la charge d’échevin de Lyon aux XVIe et XVIIe siècles) sont restés à Jarnioux jusqu’en 1642 et y ont laissé de multiples témoignages de leur activité. Ils sont en effet à l’origine de nombreux travaux réalisés dans le château (l’entrée en pont-levis, le grand escalier, etc.).

Par alliance, Jarnioux est passé en 1642 aux Ménardeau, puis est ensuite resté en indivision jusqu’en 1756.  Remembré en 1756, M. Sahuc de Planhol l’a transmis par alliance aux de Clavière, actuels propriétaires. Tallemand des Réaux narre dans ses historiettes l’histoire de Madame de Grandpré (à savoir Mme Ménardeau née Catherine Henry) et cite Jarnioux à cette occasion.

L’entrée, à laquelle on accédait autrefois par un pont-levis, est composée d’un pavillon orné de mâchicoulis et porte une date : 1642 et le blason des Henry et des Gabiano avec l’inscription “Jargnyeu”. Ce pavillon est encadré par deux petits bâtiments qui le séparent de deux tours.

Un large passage entre ces deux bâtiments donne accès à une cour en terrasse. Cette cour est fermée par un édifice (probablement du XVe) lui aussi flanqué de deux tours, l’une à toit plat, l’autre à toit pointu. Ce bâtiment abrite la chapelle, sous laquelle un passage donne accès à la cour principale ; celui-ci est aussi orné d’un mâchicoulis aux armes Henry-Tricaud.

Dans la cour, une élégante construction Renaissance à la décoration fine nous fait face.  Ce bâtiment est, d’un point de vue architectural, le plus intéressant. Il est habituellement attribué à Philibert Delorme (sans aucune preuve écrite). En effet, Jarnioux appartenait au milieu du XVIe siècle à Antoine Builloud, propriétaire de la Maison de Lyon où se trouve la galerie dite de Philibert Delorme. Il comporte au rez-de-chaussée une suite de quatre fenêtres en cintre, encadrant une ancienne porte maintenant désaffectée. De grandes fenêtres anciennes occupent le premier étage.

Cette cour principale, qui forme terrasse au-dessus du village, est fermée sur la gauche par un bâtiment tout en hauteur du XVIIIe. Au niveau supérieur, un parterre en terrasse est bordé par un bâtiment dont la façade date du XVIIe.  Cette façade comporte notamment une porte extérieure ornée des armoiries Henry-Gabiano (1640).

Un mur d’enceinte très épais compose la partie nord de cet édifice, datant sans doute des origines du château. Ce mur conduit à la tour principale, haute de 30 mètres. Ce bâtiment abrite également l’escalier principal du château, en pierre.

LA CHAPELLE SAINTE-CATHERINE (site classé aux Monuments historiques)


Le village de Jarnioux comporte, au centre du vieux bourg, le bâtiment d’une vieille chapelle, assez vaste, d’architecture très ancienne : la chapelle Ste Catherine. La présence de cette chapelle surprend quand on sait que la paroisse de Jarnioux n’a été créée qu’en 1853 et que Jarnioux relevait précédemment de celle de Ville/Jarnioux.

La Chapelle Ste Catherine résulte de la création le 10 mai 1335 d’une institution propre à Jarnioux : la Prébende de Jarnioux. Peu avant cette date Jean de Gléteins, fils cadet du Seigneur de Jarnioux vient d’être assassiné dans des circonstances que nous ne connaissons pas par Guy de Francheleins, Chevalier, Milon de Charnay, Guillaume du Verney et Hugonin de Navilly, Seigneur de l’Abergement.

Pour éviter que le cycle des représailles s’éternise et ensanglante tout le pays, les parties concernées décident de s’en remettre à l’arbitrage d’un médiateur respecté et signent le 10 mai 1335 à Sainte Colombe, faubourg de Vienne, un compromis de paix, conservé depuis lors aux archives du Château de Jarnioux. Le Seigneur de Jarnioux est représenté par Thomas, Hugonin et Etienne de Gleteins, respectivement oncle et frères du défunt  et par Etienne de Liergues, parent du défunt ; les 4 assassins sont représentés par Édouard, Sire de Beaujeu.

L’accord stipule que les assassins devront, à leurs frais, construire une Chapelle dans le bourg de Jarnioux Peintures murales qui en était alors dépourvu et instituer une Prébende permettant d’assurer à perpétuité la subsistance de deux chapelains chargés de desservir la chapelle. En termes modernes, cette Prébende était une Fondation, propriétaire de bâtiments et terrains agricoles, dont les revenus étaient assurés aux “Prébendiers”, les deux chapelains desservant la Chapelle. Le seigneur de Jarnioux, principal requérant dans le compromis, recevait à perpétuité le droit de nommer les Prébendiers de ladite prébende.

Peinture murale – Chapelle Sainte-Catherine

Les Assassins étaient en outre condamnés à passer chacun 3 jours et 3 nuits dans la prison du château de  Jarnioux et, pour deux d’entre eux, à partir deux ans en pèlerinage à Jérusalem pour y prier pour le repos de l’âme de leur victime : peine de prison bien symbolique et éloignement forcé donnant aux assassins loisir de méditer sur leur forfait pendant que sur place les esprits s’apaisaient et la paix locale revenait avant leur retour.  

Ainsi fut construite la chapelle Ste Catherine et s’explique qu’y figure, sur la clé de voûte de la chapelle latérale le blason losangé des Gleteins, armoiries du défunt. Les archives du château contiennent de nombreux documents relatifs aux nominations des chapelains successifs et à l’évolution du patrimoine de la Prébende.  

Cette institution fonctionna et permit à la population de Jarnioux de disposer d’un lieu de culte local pendant 450 ans, jusqu’à la Révolution française et au vote le 12 juillet 1790 de la loi de Constitution Civile du Clergé qui supprimait tous les titres et bénéfices religieux et confisquait les biens de l’Église comme biens nationaux.

Après la Révolution, la chapelle était en fort mauvais état, mais les habitants de Jarnioux, voulant disposer d’un lieu de culte plus proche que l’église de Ville/Jarnioux prirent sur eux de la remettre en état et, après la signature du Concordat, multiplièrent les interventions auprès de l’Évêché de Lyon pour que la chapelle soit transformée en paroisse ou au moins en annexe officielle de celle de Ville. Ces efforts restèrent longtemps vains.  

Enfin en 1853 est créée la paroisse de Jarnioux et la chapelle Ste Catherine trouve son statut plus normal d’église paroissiale. L’inauguration de la nouvelle église en 1889 la replonge alors de nouveau dans son rôle actuel de témoin d’une institution très ancienne fondée par nos aïeux pour le repos de l’âme de leurs défunts et qui leur avait assuré pendant 4 siècles et demi la disposition d’un lieu de culte permanent propre au village de Jarnioux.

(Reproduit avec l’aimable autorisation de M. Gabriel De Clavière)

Inscriptions au sol – Chapelle Sainte-Catherine

Vendue en 1889 pour la somme de 4200 francs à M. Montibert, menuisier à Jarnioux, la chapelle a été divisée en deux lots : la nef d’une part, et le chœur la Sacristie, d’autre part.

Ce deuxième lot a été racheté par la commune en 2001. Dès lors, il a fait l’objet de recherches de la part d’Elizabeth CHAMPELOVIER (comité du pré-inventaire) qui ont entre autres permis de mettre au jour des peintures murales de différentes époques.